Qui sommes-nous? Suivez-nous sur Facebook
Notre environnement - Agents chimiques - Comprendre
Stop au DEHP, substance courante dangereuse !
par Valérie Xhonneux - 28 novembre 2014

La Commission devra décider, début 2015, si elle prolonge l’autorisation européenne d’utilisation du DEHP dans les produits en plastique en PVC. Elle basera sa décision sur les avis hélas favorables des comités d’évaluation des risques et socio-économiques de l’agence européenne des substances chimiques (ECHA). Les associations de protection de l’environnement et de la santé tirent la sonnette d’alarme en interpellant officiellement la Commission pour que ce produit dangereux.

La toxicité du DEHP, qui appartient à la famille des phtalates, est bien connue [1]. Il a d’ailleurs été inscrit sur la liste des substances candidates (http://echa.europa.eu/fr/regulations/reach/authorisation/the-candidate-list) du fait de ses propriétés de perturbateur endocrinien. Largement répandu du fait d’un usage important par la majorité des citoyens de produit en PVC, il est donc présent quasi en permanence dans notre environnement quotidien, privé ou professionnel, souvent en combinaison avec d’autres phtalates - dans les textiles, les chaussures, les fournitures, les matériaux de construction, peintures, vêtements de travail, etc.

Les 55 associations de protection de l’environnement et de la santé signataires de cette interpellation s’opposent fermement à toute autorisation d’utilisation du DEHP dans les articles en PVC pour les raisons suivantes :

- Le premier article du règlement REACH précise que son objectif est d’assurer un niveau élevé de protection de la santé humaine et de l’environnement, et que les substances qui sont placées sur le marché n’affectent pas négativement la santé humaine et l’environnement. En autorisant l’utilisation du DEHP dans une large gamme de produits en PVC et dans les plastiques en PVC recyclés, la Commission affaiblira considérablement la mise en œuvre de ce premier objectif.
- Le second grand principe du règlement est la promotion des alternatives sûres. Mais le principe de substitution établit par le règlement n’a pas fait l’objet d’une attention suffisante durant les délibérations des comités de l’ECHA. Or, sans un focus fort sur ce principe durant les procédures d’autorisation, les citoyens et l’économie européens ne bénéficieront pas d’une innovation vers une utilisation de substances chimiques sûres.
- Par ailleurs, l’évaluation de l’ECHA n’est pas cohérente avec d’autres textes législatifs européens, comme la directive restreignant les substances chimiques dangereuses dans les équipements électriques et électroniques, qui prévoit une exclusion de quatre phtalates (dont le DEHP). Cette dernière est largement soutenue par la Commission et les Etats-membres, notamment parce que les industries ont prouvé la disponibilité d’alternatives techniquement et économiquement viables et plus sures que le DEHP. Par ailleurs, les quelques entreprises qui demandent l’autorisation d’utilisation du DEHP dans les produits en PVC n’ont pas fourni les preuves scientifiques que les risques liés à l’utilisation de cette substance peuvent ou sont contrôlés de manière adéquate. Ils n’ont pas démontrés que les bénéfices socio-économiques liés au maintien d’utilisation du DEHP dans les produits en PVC sont plus importants/compensent/ les risques auxquels les citoyens européens et l’environnement sont exposés.
- Enfin, les analyses d’impact socio-économiques indiquent que la restriction d’utilisation du DEHP générerait des bénéfices pour la santé humaine, l’environnement et permettrait une gestion plus sur des déchets.

Les 55 associations signataires demandent à la Commission de ne pas prolonger l’autorisation d’utilisation du DEHP dans les produits plastiques en PVC. La Commission doit soutenir les objectifs du règlement REACH et ainsi protéger la santé des citoyens européens et l’environnement des impacts des substances chimiques. Elle doit aussi et soutenir l’innovation visant à mettre sur le marché des produits sûrs.

notes :

[1De manière générale, de plus en plus de preuves s’accumulent, montrant une implication du DEHP dans le développement de maladies telles que le cancer du sein ou des testicules, des malformations à la naissance et des problèmes d’infertilité. Du fait de son action de perturbation du système hormonal, il est probable qu’aucun seuil en-dessous duquel aucun danger ne serait constaté ne puisse être défini. De plus, cette substance est suspectée d’être cancérigène, neurotoxique et toxique pour le système immunitaire. Elle est également associée à des troubles du développement neurologique chez les enfants.

Voir aussi :
REACH : la mise en œuvre décevante d’un règlement exemplaire
par Valérie Xhonneux - 8 juin 2017
Dix ans après son entrée en vigueur, la réglementation REACH a montré un potentiel d’impact élevé, mais qui se concrétise encore insuffisamment dans la (...)
MENACE SUR LE CERVEAU – Agir pour protéger les enfants des produits chimiques qui menacent le développement cérébral
par Valérie Xhonneux - 7 mars 2017
CHEM Trust publie aujourd’hui un rapport qui montre comment les produits chimiques présents dans l’alimentation et les produits de consommation (...)
Perturbateurs endocriniens : nouvel échec de Bruxelles
par Fil d’infos et actualité - 1er mars 2017
La Commission européenne renonce, pour la troisième fois, à soumettre au vote son projet de réglementation de ces produits chimiques dangereux (...)
Pollution de l’air : au-delà de la météo, agir enfin sur les causes !
par Céline Tellier - 8 décembre 2016
La Belgique subit depuis ce mardi un pic de pollution sur l’ensemble de son territoire. Inter-Environnement Wallonie tient à rappeler qu’au-delà (...)
Duel de réputation : Bayer / Monsanto
par Alain Geerts - 6 octobre 2016
« La fusion entre la firme allemande Bayer, celle qui a inventé l’aspirine, et l’américain Monsanto étonne. Si Bayer a bonne réputation, celle de (...)
Soirées : « Agir pour la santé dans l’environnement »
par Valérie Xhonneux - 4 octobre 2016
Notre santé et celle de l’environnement sont intimement liées. Nos conditions et modes de vie ont un impact sur notre environnement (pollution de (...)
Participez d’ici le 28 juillet à l’enquête publique sur les perturbateurs endocriniens
par Valérie Xhonneux - 18 juillet 2016
Le 15 juin, la Commission Européenne a présenté sa proposition de critères d’identification des perturbateurs endocriniens. Adoptés tels quels, ils ne (...)
Glyphosate : le principe de précaution jeté aux orties
par Valérie Xhonneux - 1er juillet 2016
La Commission a annoncé ce 28 juin qu’elle prolongeait pour 18 mois l’autorisation de mise sur le marché du glyphosate. Si la déception est de mise (...)
Le Ministre Borsus entendra-t-il ses parlementaires : la Belgique ne doit plus autoriser le glyphosate !
par Valérie Xhonneux - 27 juin 2016
Depuis plusieurs mois, la saga autour du glyphosate fait rage, et nous avons pu observer les passes d’armes entre les autorités européenne, fédérale (...)
Perturbateurs endocriniens : les ministres DOIVENT, ce vendredi, obliger la Commission à se conformer à la décision de la Cour de Justice !
par Valérie Xhonneux - 4 mars 2016
Ce vendredi 4 mars a lieu le Conseil des ministres de l’environnement européen. Son agenda prévoit un point de discussion sur les critères (...)
 
fontsizeup fontsizedown
Participez au portail !
Actions
Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP