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Vie active - Alimentation - Comprendre
De nombreux défis menacent l’avenir de la sécurité alimentaire mondiale
par Fil d’infos et actualité - 1er mars 2017

L’objectif visant à éradiquer la faim d’ici à 2030 ne pourra être atteint sans de nouveaux efforts

22 février 2017, Rome - Les pressions sur les ressources naturelles, de plus en plus intenses, les inégalités qui continuent de se creuser et les répercussions négatives du changement climatique compromettent la capacité de l’homme à se nourrir par lui-même à l’avenir. Tel est le message alarmant d’un nouveau rapport de la FAO publié aujourd’hui.

Selon L’Avenir de l’alimentation et l’agriculture : Tendances et défis, bien que des progrès majeurs aient été réalisés en matière de réduction des souffrances liées à la faim à travers le monde ces 30 dernières années, « le fait d’augmenter la production alimentaire et la croissance économique a de lourdes répercussions sur l’environnement naturel ».

« Presque la moitié des forêts sur cette terre ont maintenant disparu. Les sources en eau souterraines s’amenuisent rapidement et la biodiversité a été particulièrement affectée », révèle le rapport.

« Si cette tendance se poursuit, il se pourrait bien que cela dépasse les frontières planétaires », a déclaré M. José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO dans son discours de présentation du rapport.

D’ici à 2050, l’humanité comptera vraisemblablement près de 10 milliards de personnes. Selon les prévisions de l’Avenir de l’alimentation et l’agriculture : Tendances et défis, dans l’hypothèse d’une croissance économique modérée, cette hausse de la population aura pour effet d’augmenter la demande mondiale en produits agricoles de 50 pour cent par rapport au niveau actuel, accentuant ainsi les pressions sur les ressources naturelles déjà limitées.

Au même moment, de plus en plus de personnes mangeront de moins en moins de céréales mais de plus en plus de viande, de fruits, de légumes et d’aliments transformés, une situation qui s’explique par une transition alimentaire mondiale qui viendra également peser de tout son poids sur les ressources naturelles, en entraînant davantage de déforestation, de dégradation des terres et d’émissions de gaz à effet de serre.

Pour atteindre l’Objectif Faim Zéro, nous devons intensifier nos efforts

La question principale soulevée aujourd’hui par la publication de la FAO est de savoir si oui ou non, à l’avenir, l’agriculture et les systèmes alimentaires dans le monde sont capables de répondre aux besoins d’une population mondiale croissante, et ce, de manière durable.

La réponse est : oui. Les systèmes alimentaires de notre planète sont en mesure de produire assez de nourriture de manière durable, mais exploiter au mieux ce potentiel et s’assurer que toute l’humanité en profite requerra des « transformations majeures ».

Le rapport indique que si des efforts ne sont pas entrepris pour investir dans les systèmes alimentaires et les réorganiser, beaucoup trop de personnes souffriront de la faim en 2030, soit l’année limite fixée par les nouveaux Objectifs de développement durable (ODD) pour éradiquer l’insécurité alimentaire chronique et la malnutrition.

« Sans de nouveaux efforts visant à promouvoir le développement des populations pauvres, à réduire les inégalités et à protéger les personnes vulnérables, plus de 600 millions de personnes seront toujours sous-alimentées en 2030 », révèle le document.

En fait, le taux actuel de progression ne serait même pas suffisant pour éradiquer la faim d’ici à 2050.

D’où viendra notre nourriture ?

Compte tenu du peu de possibilités s’offrant à nous pour développer l’utilisation de la terre et des ressources en eau dans le secteur agricole, les augmentations de production nécessaires afin de faire face à la hausse de la demande alimentaire devront principalement être générées par une amélioration de la productivité et par une utilisation efficace des ressources.

Néanmoins, il existe des signes inquiétants faisant état d’une croissance stable pour les rendements des principales cultures. Le rapport note que depuis les années 1990, les augmentations moyennes enregistrées pour les rendements de maïs, de riz et de blé dépassent tout juste les 1 pour cent.

Le rapport L’avenir de l’alimentation et l’agriculture : Tendances et défis souligne qu’ « agir comme si de rien n’était » ne fait pas partie des options si l’on souhaite répondre à ces défis et à d’autres.

« Des transformations majeures dans les systèmes agricoles, les économies rurales et la gestion des ressources naturelles seront nécessaires si nous devons répondre aux nombreux défis qui se présentent à nous et exploiter pleinement le potentiel de l’alimentation et de l’agriculture en vue d’assurer un avenir radieux à tout le monde sur cette planète », indique le document.

Selon le rapport, « des coûts élevés, des systèmes d’élevage nécessitant de nombreuses ressources (et entraînant d’importantes déforestations), des pénuries d’eau, un épuisement des sols et des émissions de gaz à effet de serre ne peuvent pas contribuer à créer une production alimentaire et agricole durable ».

Le principal défi est de produire plus avec moins, tout en préservant et en améliorant les moyens d’existence des petits exploitants agricoles et des agriculteurs familiaux, et d’assurer aux plus vulnérables un accès à l’alimentation. Pour ce faire, une double approche est nécessaire. Elle se devra d’investir dans la protection sociale, de lutter contre la sous-alimentation et d’investir en faveur des pauvres dans des activités productives, en particulier dans l’agriculture et au sein des économies rurales, afin d’augmenter de manière durable les activités rémunératrices des populations pauvres.

Le monde devra se réorienter vers des systèmes alimentaires plus durables qui utiliseront de manière plus efficace la terre, l’eau et les autres intrants, tout en ayant moins recours aux combustibles fossiles, ce qui devrait non seulement entraîner une forte baisse des émissions de gaz à effet de serre mais également contribuer à la conservation de la biodiversité et à la réduction du gaspillage. Selon le rapport, il s’agira notamment d’investir davantage dans l’agriculture, les systèmes agroalimentaires, la recherche et le développement en vue de promouvoir l’innovation, d’augmenter la production de manière durable et de trouver de meilleurs moyens pouvant faire face à de multiples problèmes, tels que les pénuries d’eau et le changement climatique.

Toujours d’après le rapport, en plus d’augmenter la production et de renforcer la résilience, il sera également indispensable de créer des chaînes agroalimentaires capables de mieux connecter les agriculteurs des pays à faibles et moyens revenus aux marchés urbains et d’élaborer des mesures visant à garantir aux consommateurs un accès à une nourriture saine et nutritive, et ce à un prix abordable, notamment des politiques de tarification et des programmes de protection sociale.

Tendances et défis

Le rapport d’aujourd’hui identifie 15 tendances and 10 défis affectant les systèmes alimentaires mondiaux :

15 tendances

  • Une population mondiale qui augmente rapidement caractérisée par des « zones à forte croissance », une urbanisation et un vieillissement de la population ;
  • Des tendances variées en matière de croissance économique, de revenus familiaux, d’investissement agricole et d’inégalité économique ;
  • Une concurrence accrue pour les ressources naturelles ;
  • Le changement climatique ;
  • Un plafonnement de la productivité agricole ;
  • Les maladies transfrontières
  • Une plus grande fréquence des conflits, des crises et des catastrophes naturelles ;
  • Une pauvreté, des inégalités et une insécurité alimentaire persistantes ;
  • Une transition alimentaire affectant la nutrition et la santé ;
  • Des changements structurels dans les systèmes économiques qui auront des répercussions sur l’emploi ;
  • Une augmentation du flux migratoire ;
  • Des systèmes alimentaires en évolution et qui auront des répercussions sur les moyens d’existence des agriculteurs ;
  • De plus en plus de pertes alimentaires et de gaspillage ;
  • De nouveaux mécanismes internationaux de gouvernance en mesure de faire face aux problèmes liés à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ;
  • Des changements au niveau du financement international du développement.

10 défis

  • Améliorer la productivité agricole de manière durable afin de satisfaire à la demande croissante ;
  • Garantir une base durable de ressources naturelles ;
  • Lutter contre le changement climatique et l’intensification des catastrophes naturelles ;
  • Eradiquer l’extrême pauvreté et réduire les inégalités ;
  • Mettre un terme à la faim et à toutes les formes de malnutrition ;
  • Rendre les systèmes alimentaires plus efficaces, inclusifs et résilients ;
  • Développer les activités rémunératrices en zone rurale et lutter contre les causes de la migration ;
  • Renforcer la résilience face aux crises de longue durée, aux catastrophes et aux conflits ;
  • Empêcher de nouvelles menaces transfrontalières sur l’agriculture et les systèmes alimentaires ;
  • Répondre au besoin d’une gouvernance cohérente et efficace à l’échelle nationale et internationale.

SOURCE  : http://www.fao.org/news/story/fr/item/471650/icode/

Voir aussi :
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