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Notre environnement - Agents chimiques - Comprendre
Aaah, ces fragrances qui nous rendent... malades !
par Valérie Xhonneux - 15 juin 2011

A l’instar des entreprises chimiques en général, les fabricants de cosmétiques sont très réticents à fournir la composition exacte de leurs produits. Est-ce parce-qu’ils sont irréprochables d’un point de vue santé ?...

Les différences entre la législation Européenne et Canadienne sur les produits cosmétiques permettent aux fabriquants qui en distribuent indifféremment des deux côtés de l’Atlantique de s’adapter aux exigences spécifiques « locales », notamment en refusant à certains consommateurs ce qui est un droit acquis pour les autres.

C’est le constat de la Fondation David Suzuki, association canadienne qui vient de tester le « droit de savoir ». Celui-ci n’est pas intégré dans la législation canadienne relative aux cosmétiques, contrairement à ce qui se passe en Europe du fait des exigences du règlement REACH qui, faut-il le rappeler, ne sont pas scrupuleusement suivies, loin s’en faut !.

Les questions posées par la Fondation concernaient de manière spécifique les quelque 3000 ingrédients de fragrance (parfums chimiques utilisés dans les cosmétiques). Phtalates, muscs et autres joyeusetés sont ainsi utilisés, certains d’entre eux étant irritants, susceptibles de déclencher des allergies, des migraines, des symptômes d’asthme... D’après les résultats d’études menées en laboratoires, certains sont même soupçonnés d’être cancérigènes et neurotoxiques. Le règlement sur les cosmétiques canadien stipule que les ingrédients de la plupart des produits d’hygiène personnelle doivent être énumérés sur l’emballage par ordre décroissant de concentration, à l’exception des ingrédients dans les mélanges de fragrance. Cette faille laisse toute latitude aux fabricants de classer sous le nom générique de « parfum » tout ingrédient ajouté pour « produire ou masquer une odeur ». Et même des produits signalés comme étant « sans parfum » ou « non parfumé » peuvent contenir des ingrédients de fragrance sous la forme de produits qui masquent l’odeur d’autres ingrédients ! La législation européenne est quant à elle plus stricte : elle stipule que 26 allergènes de contact utilisés comme ingrédients de fragrance doivent être indiqués sur l’étiquette.

42 entreprises ont dont été contactées et trois questions posées :
- pouvons-nous disposer de la liste complète des ingrédients de fragrance de chaque produit ?
- des phtalates entrent-ils dans leur composition ?
- leurs parfums contiennent-ils l’un des 26 allergènes qui doivent figurer sur la liste d’ingrédients en vertu de la règlementation européenne sur les cosmétiques ?

Sur les 42 entreprises contactées, 34 ont répondu, mais pas une seule n’a répondu à la première question. Quinze entreprises ont reconnu que des phtalates étaient présents dans leurs produits ; 21 n’ont tout simplement pas répondu à la question. Enfin, seules 7 entreprises ont répondu à la question sur les allergènes. La réponse de Procter & Gamble sur les phtalates est particulièrement illustrative de l’état d’esprit de l’entreprise : « On nous pose des questions sur les phtalates. La catégorie est vaste. Les phtalates ne sont pas tous les mêmes. La famille des phtalates s’apparente à celle des champignons. Comme les champignons, certains sont sécuritaires, d’autres ne le sont pas. » No comment !

Henkel, Unilever et Procter&Gamble ont toutes trois précisé qu’elles n’abordaient la question d’ingrédients de fragrance spécifiques que si le médecin de famille d’un consommateur en faisait la demande.

Le rapport complet est disponibleici. Il se conclu sur trois recommandations :
- les fabricants devraient être tenus de divulguer la liste complète de leurs ingrédients de fragrance ;
- les fabricants doivent être tenus d’identifier les allergènes de contact sur l’étiquette du produit, en commençant au minima par les 26 ingrédients déjà règlementés par l’Union Européenne ;
- les produits commercialisés comme étant sans parfums ou non parfumés devraient véritablement être exempts d’ingrédients de fragrance chimiques.

En guise de conclusion :

Que les fabricants de cosmétiques (et de produits dont la composition reprend des substances chimiques suspectes), quand ils sont face à deux législations pour le même produit, n’aient même pas la décence de s’aligner sur la législation la plus « stricte » en dit long sur l’esprit de transparence qui les anime.
Ceci indique clairement que la collaboration, les accords volontaires ou tous autres « mécanismes » non contraignants ne sont en général que des stratégies pour échapper au seul outil qui devrait donc être de mise : la législation contraignante accompagnée de mécanisme de contrôle et de sanction adéquats. Aussi dommage cela soit-il...

Voir aussi :
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