Ce mardi, les Green 10 [1] ont interpellé le Commissaire européen pour l’environnement Janez Potocnik, ainsi que le ministre danois de l’environnement Ida Auken. Objet de cette interpellation : les négociations qui se tiendront du 30 avril au 4 mai entre les parties prenantes de la Convention sur la pollution atmospherique transfrontaliere à longue distance et qui décideront des amendements à apporter au protocole de Göteburg sur la pollution de l’air. Les intentions européennes sont, à l’heure actuelle, loin d’être suffisantes… ce qui ne peut qu’être interpellant lorsqu’on sait que 11 Etats-membres sont en infraction pour les limites d’oxydes d’azote en 2011 (dont la wallonie).
Chaque année, la pollution de l’air cause près de 500,000 décès prématurés sur le territoire européen – soit près de 4,5 millions d’années de vie perdues. Outre ces décès prématurés, cette piètre qualité de l’air est responsable d’une augmentation d’admissions dans les hôpitaux, de consommation de médicaments, ainsi que d’atteintes significatives aux écosystèmes et aux cultures agricoles. Combattre la pollution atmosphérique permet donc de réduire ces atteintes à la qualité et à l’espérance de vie – mais aussi d’engranger des bénéfices socio-économiques [2]. Pour l’année 2000, les coûts en soins de santé dus à la pollution atmosphérique sont estimés à une fourchette allant de 277 et 790 milliards d’euros.
Une révision ambitieuse du protocole de Göteborg permettrait de réduire ces coûts de 110 à 290 milliards d’euros par an sur le territoire européen (dont 50 à 150 milliards pour l’Europe des 27) – bénéfices 55 fois plus importants que les dépenses qui devront être consenties pour réduire la pollution atmosphérique. Autres bénéfices attendus : une atténuation des changements climatiques par la limitation des émissions de gaz à effet de serre que sont les oxydes d’azote et les composés organiques volatils.
Un positionnement franc de l’Union Européenne en faveur de normes ambitieuses préfigurera la teneur des discussions à venir sur la révision de la directive NEC ainsi que sur la stratégie relative à la pollution de l’air. Pourtant, les échos reçus jusqu’à présent n’augurent rien de bon : la plupart des Etats-membres européens plaident pour un faible niveau d’ambition – certains d’entre eux refusant catégoriquement de se voir fixer des obligations de réduction des émissions de polluants atmosphériques en lien avec le scénario de base du protocole, scénario ne reflétant pourtant que les bénéfices attendus de l’implémentation de législations déjà existantes !
Les Green 10 appellent donc les responsables européens à soutenir les objectifs de réduction des émissions pour 2020 du scénario le plus ambitieux et d’adopter des valeurs de limites d’émissions pour les sources spécifiques de pollution qui aillent plus loin que ce qui existe déjà au niveau européen. Globalement, l’Union Européenne doit veiller à ce que des niveaux de qualité de l’air qui ne mettent pas en danger la santé des citoyens européens ou de l’environnement soient atteints – tout simplement comme elle s’y est engagée dans le 6è programme d’action pour l’environnement...
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