En effet, la Ministre danoise de l’environnement, Ida Auken, a communiqué hier l’intention de son gouvernement d’interdire 4 phtalates (DEHP, DBP, DIBP and BBP) dès cet automne dans les produits de consommation susceptibles d’entrer en contact avec la peau ou les muqueuses [1]. « Nous ne pouvons pas attendre » a affirmé la Ministre, convaincue que la protection de la santé publique impose l’application immédiate du principe de précaution. Cette déclaration est un geste de défi envers l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) et la Commission européenne.
Toute comme le Réseau Environnement Santé (RES), Inter-Environnement Wallonie se félicite de cette décision et de sa portée politique.
Les 4 substances de la future loi danoise sont déjà l’objet de restrictions européennes dans les articles pour enfants de moins de 3 ans depuis plusieurs années, mais le feuilleton de l’interdiction des phtalates dure depuis plus de 2 décennies. Les travaux scientifiques récents ont élargi le spectre des impacts potentiels des phtalates des seules atteintes à l’appareil de reproduction à plusieurs autres maladies chroniques en augmentation constante, notamment l’obésité (lire notamment cet article). Par ailleurs, les études sur les effets de mélanges de phtalates [2], à des doses couramment rencontrées dans l’environnement, montrent que c’est bien l’ensemble de cette famille chimique qu’il faut définitivement proscrire. Des cosmétiques aux dispositifs médicaux, ils sont encore omniprésents dans les produits de consommation ou comme contaminants de l’air intérieur.
C’est déjà sur base de l’impulsion franco-danoise (à laquelle la Belgique s’était jointe) qu’un autre perturbateur endocrinien, le BPA, a pu être interdit dans les biberons, la Commission Européenne ayant été contrainte de s’aligner sur cette décision, malgré les recommandations de l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) (lire cet article).
La Fédération IEW espère donc que le gouvernement fédéral se joindra également à cette initiative, en veillant à ce qu’une stratégie globale et spécifique aux perturbateurs endocrinien soit mise en place.
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