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Cancer et environnement : l’Afsset préconise (enfin !) le principe de précaution
par Valérie Xhonneux - 10 juillet 2009

Le 2 juillet, l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) a rendu un avis où elle réévalue clairement le lien entre cancers et environnement. Recommandation phare de ce document : l’application du principe de précaution.

Lorsqu’on observe les liens entre cancers et environnement, la part de cancers attribuables aux facteurs environnementaux peut être aussi bien de 1 % (en ne considérant que les risques avérés comme l’amiante par exemple) que de 75 voir 90 % (en comptabilisant les risques débattus : pesticides, pollution de l’air, etc.). Plus novatrice que l’Académie de médecine française qui, en 2007, penchait pour la première solution, l’Afsset propose aujourd’hui d’étendre le principe de précaution aux facteurs de risques pour lesquels les études sont insuffisantes et de limiter notre exposition à ces facteurs. L’augmentation d’incidence des cancers ces dernières années (+ 35 % pour l’homme, + 43 % pour la femme depuis 1980) et le manque d’informations sur les différentes interactions d’exposition et les effets à long terme imposent d’associer le principe de précaution à la prévention, laquelle doit être renforcée.

Pour réaliser cet avis, l’Afsset s’est appuyée sur une étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) (lire l’article Cancer et environnement : quand les experts rassemblent leurs savoirs...). Les neuf cancers les plus répandus [1] ont été analysés. Conclusion : la plupart des cancers ayant une origine multifactorielle il ne faut pas attendre d’avoir la certitude qu’une substance est cancérogène pour agir ! Martin Guespereau, Directeur général de l’agence, prône donc l’application du principe de précaution, en recourant par exemple dès que possible à la substitution des substances cancérigènes. « Nous ne contestons pas la machine règlementaire, mais même lorsqu’une substance est classée CMR 3 [risque le plus faible], ce n’est pas une bonne raison pour se persuader que l’on peut vivre avec  ».

L’Afsset propose d’étendre le principe de précaution aux facteurs de risques pour lesquels les études sont insuffisantes (cancérogènes « probables »), dès lors que l’exposition de la population est forte, et de prendre en compte les mélanges de facteurs et la durée d’exposition des personnes, ainsi que l’exposition à des âges sensibles de la vie, notamment in utero ou chez les personnes âgées.

L’Afsset explique qu’il faut réduire la pollution partout :
- les particules fines PM 2,5 (inférieures à 2,5 microns) émises par le trafic routier et par les zones industrielles et urbaines ;
- les agents cancérogènes (amiante, radon, formol, benzène, etc) dans l’air intérieur ;
- les pesticides dans les eaux ;
- les émissions issues des sols telles que radon, amiante, plomb.

L’agence recommande également de renforcer les systèmes de surveillance des cancers en lien avec l’environnement, de développer les études d’exposition ainsi que de renforcer les études épidémiologiques. Enfin, elle préconise d’étudier de près les circonstances d’exposition et de multi-exposition et de s’appuyer sur le renversement de la preuve : la charge de la preuve d’innocuité des agents physiques et chimiques mis en cause doit incomber aux industriels et acteurs économiques.

L’intégralité de l’avis se trouve ici.

notes :

[1cancers du sein, de la prostate, du côlon, de la peau, du poumon, du foie, du rein, de la thyroïde et les lymphomes malins non hodgkiniens