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Amiante : les salariés sont-ils assez protégés sur les chantiers ? - Santé Environnement
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Amiante : les salariés sont-ils assez protégés sur les chantiers ?
- 25 avril 2012

L’amiante, véritable bombe à retardement pour la santé, est encore présent en masse dans les constructions en France, où des milliers de salariés oeuvrent à son retrait. Mais le font-ils en toute sécurité et leurs employeurs sont-ils suffisamment contrôlés ?

Selon l’Institut national de recherche et de sécurité (Inrs), « des dizaines de millions de mètres carrés de matériaux amiantés » sont encore en place. Quelque 900.000 travailleurs sont potentiellement exposés à cette fibre cancérigène, qui devrait être responsable de 100.000 morts d’ici à 2025, selon les autorités sanitaires.

Les plus exposés sont les salariés des chantiers de désamiantage, soit entre 2.000 et 5.000 personnes, selon le syndicat patronal Syrta (Syndicat du Retrait et du Traitement de l’Amiante).

Leur sécurité pose d’autant plus question depuis la publication, en septembre, d’un rapport de l’Inrs révélant des risques jusqu’alors méconnus.

Après une campagne de prélèvements via une méthode inédite (Meta) qui permettait de voir les fibres les plus fines, l’Institut a relevé des « niveaux d’empoussièrement d’une ampleur inattendue », ces fibres, jusqu’ici ignorées s’étant avérées cancérigènes.

Le ministère du Travail a donc jugé nécessaire de revoir la réglementation. Un projet de décret est « en cours d’examen au Conseil d’Etat », a indiqué le ministère à l’AFP, pour une entrée en vigueur prévue le 1er juillet.

Le décret prévoit de diviser par dix la valeur limite d’exposition professionnelle (Vlep) « de 100 fibres par litre à 10 f/l », un abaissement qui se fera sur trois ans pour permettre de « réévaluer l’efficacité des appareils de protection respiratoire ».

Le ministère fait valoir qu’avec cette réglementation la France « aura la réglementation la plus exigeante au monde en matière de protection » contre l’amiante.

En attendant, les pouvoirs publics recommandent « une élévation du niveau de prévention » sur les chantiers. En clair, les employeurs sont invités à anticiper sur la législation, ce qui place les inspecteurs du travail dans une situation délicate.

Un moratoire sur les chantiers ?

Selon Jean-Louis Osvath, responsable de l’association d’inspecteurs L611-10, les agents se retrouvent contraints de « faire appliquer une réglementation qui n’est pas encore applicable ».

Pour Pierre Mériaux, du syndicat SNUTEFE-FSU, « il y a une contradiction majeure entre le fait de découvrir (...) que les taux de pollution sont bien supérieurs à ce qu’on attendait et que donc les chantiers sont dangereux, et le fait d’attendre trois ans pour diviser par dix le seuil de fibres qu’on considère comme acceptable ».

Pour les chantiers les plus à risque, les inspecteurs sont appelés à utiliser des masques à adduction d’air en lieu et place des masques à ventilation assistée, moins protecteurs.

Problème, l’inspection du travail n’en a pas, même si le ministère assure qu’un appel d’offres est en cours. Les agents sont donc invités à utiliser ceux des employeurs.

« On nous demande de remettre notre sécurité dans les mains d’une entreprise qu’on va contrôler en la suspectant de ne pas avoir atteint son niveau de sécurité minimale pour ses salariés. C’est parfaitement contradictoire », pointe M. Mériaux.

Gérald Grapinet, président du Syrta qui représente 60% du chiffre d’affaires du secteur, assure de son côté que « tous les entrepreneurs sont au courant que l’on doit (...) tenir compte dès à présent de la dangerosité des fibres d’amiante et de ce que va devenir la réglementation ».

Le Parti socialiste a tout de même demandé un moratoire sur les chantiers « à risque ». Mais le ministère a rétorqué que ce n’était pas nécessaire, les inspecteurs ayant le pouvoir de fermer lesdits chantiers. Encore faut-il qu’ils puissent s’y rendre.

Source : Libération.fr

Crédit photographique : © LianeM - Fotolia.com