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Les procédures d'évaluation des pesticides ne protègent pas la biodiversité de nos rivières - Santé Environnement
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Notre environnement - Pesticides - Comprendre
Les procédures d’évaluation des pesticides ne protègent pas la biodiversité de nos rivières
par Valérie Xhonneux - 12 juin 2012

Pour qu’un pesticide puisse être mis sur le marché européen, il doit avant tout passer par une procédure d’évaluation – mais dont la forme actuelle ne protège pas suffisamment l’environnement. Tels sont les résultats d’une étude menée conjointement par l’Université de Koblenz-Landau, le Centre Helmholtz de recherche environnementale (UFZ), l’Université d’Aarhus (Danemark) et l’Université de Technologie de Sydney qui vient d’être publiée dans la revue internationale des sciences de l’environnement et de la technologie.

Une fois présents dans les eaux de surface, les pesticides peuvent avoir des impacts sur les organismes qui y vivent. L’objectif de cette étude était d’évaluer les seuils à partir desquels des effets peuvent être observés. Basée sur une comparaison d’études de terrains, cette méta-analyse se concentre uniquement sur les rivières situées dans les zones agricoles et non exposées à des émissions d’eaux usées ou d’effluents industriels. 111 rivières différentes ont ainsi été examinées, couvrant 6 pays européens différents ainsi que la Sibérie et l’Australie, pour une période courant entre 1998 et 2010.

Une courbe dose-réponse a ainsi été obtenue, cette courbe reflétant une corrélation entre la toxicité d’un pesticide et la quantité de micro-organismes sensibles dans la rivière. Sur base des niveaux de concentration considérés comme inoffensifs dans le cadre de la procédure d’autorisation, les chercheurs ont conclus que cette dernière est insuffisante pour protéger durablement les écosystèmes fluviaux des effets des pesticides. En effet, à des niveaux de concentration considérés comme sans danger dans la procédure d’autorisation, une réduction de 27 à 61% des populations d’organismes sensibles ont été observées, en fonction de la présence en amont de flux de cours d’eau non pollués. Autre constat important de l’étude : ces effets peuvent également impacter les fonctions de l’écosystème, compromettre les services écosystémiques vitaux pour la société humaine tels que les stocks de poissons et la pureté de l’eau.

La raison de cette sous-estimation des impacts des pesticides sur les organismes aquatiques ? L’approche substance par substance du processus d’autorisation européen, qui fait dès lors abstraction de l’effet cocktail des différents pesticides contaminant les cours d’eau. Par ailleurs, les organismes aquatiques sont soumis à d’autres facteurs de stress, comme par exemple les inondations, qui ne sont pas non plus pris en compte dans l’évaluation, alors qu’ils sont susceptibles d’augmenter la vulnérabilité des espèces aux pesticides.

De l’avis des chercheurs, l’une des raisons pour lesquelles les résultats de cette étude sont aussi alarmants découle de l’absence de dilution des pesticides dans les grandes rivières et les lacs, ce sur base des résultats d’une étude précédente de l’Université de Koblenz-Landau, UFZ et Freiberg Université des mines et de la technologie. En outre, cette nouvelle étude confirme, si cela était nécessaire, que le bon état chimique et écologique des grands fleuves et lacs européens, requis par la directive cadre sur l’eau, est peu susceptible d’être atteint d’ici à 2015 – les niveaux de certains polluants tels que les pesticides dépassent même les limites de sécurité dans les procédures autorisées. (Environmental Science and Technology, DOI : 10.1021/es2013006)

Pour améliorer la protection des rivières et des lacs, les chercheurs recommandent la réduction de l’utilisation des pesticides, l’élargissement des bandes enherbées et de la ripisylve à proximité des rivières dans les zones agricoles et la construction de bassins de rétention des eaux qui permettent de pratiquement complètement supprimer certains pesticides de l’eau (comme l’a démontré une étude antérieure menée par le Landau Université Koblenz).

Cette étude sort à point nommé pour la Wallonie : les plans de gestion par district hydrographique sont enfin soumis à enquête publique, avec plus de 3 ans de retard ! Les mesures proposées visent entre autres les pesticides et les pratiques agricoles. Vous pouvez consulter les documents et donner votre avis sur le site suivant : http://spw.wallonie.be/dce/index.php . Voir aussi le communiqué de presse de la Fédération Inter-Enviropnnement Wallonie à ce sujet.

Sur base de l’article « Study : Pesticide authorisation procedures fail to adequately protect biodiversity in rivers », Université de Koblenz-Landau

L’étude : Ralf B. Schäfer, Peter Carsten von der Ohe, Jes Rasmussen, Ben J. Kefford,
Mikhail A. Beketov, Rals Schulz and Matthias Liess : ‘Thresholds for the Effects of
Pesticides on Invertebrate Communities and Leaf Breakdown in Stream Ecosystems’.

http://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/es2039882

Environmental Science & Technology, 46, (9) 5134–5142.