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Vie active - Alimentation - Comprendre
Touche pas à la viande, traître !
par Alain Geerts - 31 juillet 2012

C’est décidément un schéma dont la récurrence a de quoi inquiéter : lorsqu’un acteur, qu’il soit public ou privé, ose s’en prendre à la viande, il se fait immédiatement massacrer par les producteurs et se retire systématiquement la queue entre les jambes ! Dernier épisode en date...

En juin, nous avons relayé sur ce site l’article de Laure Nouhalat, journaliste à Libération, relatif à la polémique suscitée par l’initiative de la Sodexo de lancer une journée sans viande. Aujourd’hui, toujours dans Libération, nous avons relevé ce fait divers que je vous invite à comparer au précédent.

L’effet bœuf du « Lundi sans viande »

Ce lundi aux Etats-Unis, quelques-uns ont promis de manger « encore plus de viande que d’habitude », quand d’autres, plus nombreux sans doute, rallieront le mouvement du « Lundi sans viande ». Lancée en 2003, la campagne « Meatless Monday » vient de bénéficier d’un joli coup de pub du… ministère américain de l’Agriculture.

Dans un bulletin interne daté du 23 juillet, l’USDA (US Department of Agriculture) suggère à ses fonctionnaires de choisir chaque lundi les menus végétariens proposés dans ses cantines. Et de justifier : « La production de viande, particulièrement de bœuf (et de produits laitiers aussi), a un gros impact sur l’environnement. Selon les Nations unies, l’élevage est une source majeure d’émissions de gaz à effet de serre et contribue au changement climatique. C’est aussi un gaspillage de ressources. Il faut 7 000 kilos de céréales pour produire 1 000 kilos de bœuf. De plus, cette production requiert beaucoup d’eau, d’engrais, de carburants fossiles et de pesticides. Et il y a aussi beaucoup de problèmes de santé liés à la consommation excessive de viande. » De la part d’un ministère de l’Agriculture censé promouvoir l’élevage, cet appel à participer au « Lundi sans viande » est pour le moins paradoxal, ou même « traître », a relevé le commissaire texan à l’Agriculture, Todd Staples. « Pourquoi nos producteurs de bœuf, qui travaillent dur, devraient-ils payer les salaires d’ennemis mal informés ? » s’est interrogé le Texan, réclamant la tête des auteurs de ce billet de l’USDA. « La consommation de bœuf est bonne pour la santé », a aussi rétorqué l’association américaine des éleveurs de bœuf, indignée de voir le ministère rallier une campagne « extrémiste ». « L’empreinte carbone de la production a été considérablement réduite par des innovations mises en place par les fermiers dans tout le pays », disent les éleveurs. Les politiques ont bien sûr embrayé : « Je mangerai plus de viande le lundi pour compenser la stupide recommandation du ministère », a twitté le sénateur républicain Chuck Grassley.

Face au tollé, l’USDA a dû très vite ravaler son appel à participer au « Meatless Monday » et assurer que le ministère « ne soutient pas » cette initiative. Mais le mal est fait : selon les prévisions même de l’USDA, la consommation de viande devrait poursuivre son déclin aux Etats-Unis, et sera en baisse de 12% cette année par rapport à 2007.

Ce qui est étrange dans ces polémiques, c’est que :

1) les faits relatifs aux impacts de la viande sur l’environnement et la santé sont considérés comme scientifiquement exacts et connus depuis un certain temps maintenant (voir notamment cet article, ou celui-ci) ou encore ce dernier) ;
2) les faits avancés par le secteur de la viande sont eux tout à fait fantaisistes ;
3) le discours dudit secteur est particulièrement menaçant, dénigrant, voire violent ;
4) ceux qui ont osé s’attaquer à la viande se rétractent immédiatement, souvent en s’excusant. Comme le disait Laure Nouhalat : il suffit de savoir planter les crocs.

Heureusement, parfois, les végétariens ne se laissent pas intimider, eux...

Plus d’infos : lisez par exemple les articles listés ici.

Source : Libération.fr

Crédit photographique : auquatrecoinduglobe.fr