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Vers une interdiction européenne de certains pesticides tueurs d'abeilles ? - Santé Environnement
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Notre environnement - Pesticides - Comprendre
Vers une interdiction européenne de certains pesticides tueurs d’abeilles ?
par Alain Geerts - 22 janvier 2013

On en avait la certitude, c’est désormais officiellement confirmé, certains pesticides mettent en danger les abeilles et pourraient être interdits. En cause, trois néonicotinoïdes utilisés en agriculture qui désorientent les abeilles, allant jusqu’à provoquer la mort de cet insecte pourtant essentiel à la reproduction de certains végétaux. Objets d’une véritable bisbille, la Commission européenne devra trancher à la suite de la publication récente de nouveaux éléments.
Le 16 janvier,dans un avis demandé par la Commission européenne, l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a fait part de ses « conclusions inquiétantes » à propos de plusieurs pesticides contenant clothianidin, imidacloprid et thiamethoxam. Le rapport a immédiatement rencontré l’opposition des fabricants des pesticides incriminés Bayer et Syngenta alors que, de son côté, l’Union nationale de l’Apiculture française (UNAF) a exigé, jeudi 17 janvier, que ces produits soient retirés du marché.

Interdictions

« L’EFSA affirme que l’utilisation » de trois types d’insecticides « sur les cultures attractives pour les abeilles est inacceptable », ce qui exclut que ces molécules « demeurent légalement sur le marché », écrit l’UNAF dans un communiqué. Le président de l’UNAF, Olivier Belval, appelle la Commission européenne « à rayer ces substances actives de la liste d’autorisation sur le territoire de l’Union » et le gouvernement français à « prendre sans délai les décisions qui s’imposent ».
Des Etats membres ont déjà pris des mesures au plan national, dont la France qui a retiré, le 29 juillet, l’autorisation de mise sur le marché (AMM) du Cruiser OSR -l’un des pesticides pointé du doigt- utilisé en traitement de semence pour le colza. Reste son usage pour le maïs qui, bien que contesté, n’a pas été à ce stade définitivement banni, ce à quoi appelle le député socialiste Gérard Bapt (PS).
L’Italie et l’Allemagne interdisent, quant à elles, l’usage des pesticides incriminés seulement pour le maïs, les Pays-Bas pour traiter les plantes qui attirent les abeilles, et la Slovénie pour toutes les plantes. L’idée de la Commission européenne est donc d’arrêter une ligne de conduite au niveau de l’UE et d’aller si nécessaire vers une interdiction des produits incriminés.

Survie des abeilles

Depuis plusieurs années, les abeilles des pays industrialisés de l’hémisphère nord sont frappées par une forte mortalité, appelée « syndrome d’effondrement des colonies », qui peut atteindre jusqu’à 85%. Les experts mettent en avant une multiplicité de facteurs explicatifs, comme l’emploi des pesticides mais aussi les parasites acariens de type Varroa mais aussi une diminution de la biodiversité.
Au fil des ans, les études scientifiques ont permis d’établir que les pesticides dits « systémiques » ou « néonicotinoïdes » ont bien un impact létal sur les abeilles, qu’ils désorientent, au point que certaines ne savent plus revenir à leurs ruches. En une quinzaine d’années, leur mortalité est passée de 5 à 30%.
Cette mortalité pourrait avoir de graves conséquences, dans la mesure où un tiers du tonnage de l’alimentation mondiale dépend de l’activité pollinisatrice des abeilles.
Une lettre va être adressée « cette semaine » au groupe allemand Bayer et au suisse Syngenta, qui produisent les pesticides comportant les trois néonicotinoïdes incriminés —clothianidin, imidacloprid et thiamethoxam—, notamment le Cruiser OSR, pour leur demander de réagir à ce rapport, a annoncé Frédéric Vincent, le porte-parole de Tonio Borg, commissaire européen en charge de la Santé et des consommateurs, précisant que les deux groupes avaient « jusqu’au 25 janvier pour répondre ».
D’autre part, la Commission européenne a décidé d’inscrire le sujet à l’ordre du jour de la réunion du comité permanent de l’UE en charge de ces questions prévue le 31 janvier. « La Commission, avec les Etats membres, prendra les mesures qui s’imposent », a ajouté, mercredi 16 janvier, Frédéric Vincent.

Des industriels entre flegme et indignation

Du côté des industriels fabricant ces pesticides, les réactions ont varié du. Bayer se dit « prête à coopérer avec la Commission européenne et les Etats membres de l’UE et à développer des solutions pragmatiques pour aborder les lacunes en termes de données évoquées par l’EFSA », a réagi le groupe allemand dans un communiqué.
Sa division d’agrochimie, Bayer CropScience, rappelle que les nombreuses données rassemblées par le groupe « ont été examinées par l’UE et les Etats membres et confirment que ses produits ne présentent aucun risque inacceptable ».
« Nous sommes convaincus que les nouvelles conclusions de l’EFSA ne changent rien à la qualité et à la validité de cette évaluation des risques », a ajouté le groupe. « Bayer CropScience s’engage à une utilisation responsable des néonicotinoïdes » et investit dans un programme destiné à réduire leurs effets sur les abeilles, a encore affirmé l’entreprise.
L’agrochimiste suisse Syngenta a de son côté vigoureusement contesté les conclusions de l’EFSA. « Il est clair pour nous que l’EFSA s’est trouvée sous pression politique pour produire une évaluation hâtive et insuffisante », a déclaré John Atkin, le directeur opérationnel de Syngenta.
Le rapport n’a pas tenu compte des études scientifiques exhaustives qui ont précédé le lancement des néonicotinoïdes, ni des rapports de surveillance effectués dans les champs sur plusieurs années, selon le groupe suisse. « Ce rapport n’est pas digne de l’EFSA et de ses scientifiques », a ajouté John Atkin.
Syngenta mettra tous les moyens à sa disposition pour défendre l’utilisation de ce type de produit, a précisé le groupe dans un communiqué. Une interdiction des néonicotinoïdes pourrait menacer 50.000 emplois et se traduire par un perte économique de 17 milliards d’euros à travers l’Europe sur les cinq prochaines années, selon l’agrochimiste bâlois.
De son côté, l’UNAF « rappelle qu’il y va de la survie des abeilles et des pollinisateurs sauvages, dont l’activité se traduit au plan économique par des services évalués au niveau mondial à 153 milliards d’euros », soit 9,5% de la valeur de la production mondiale de produits agricoles.

Source : LeHuffPost ; 17/01/2013