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Notre santé - Maladies neurologiques
Doit-on s’intéresser aux impacts des changements climatiques sur la santé mentale ?
par Anne Thibaut - 8 janvier 2010

La question de l’impact des changements climatiques sur la santé mentale de la population est au centre d’une récente étude de chercheurs du King"s Collège of London. Résumé de l’étude.

Source : CORDIS

Il semblerait que le changement climatique ait un impact important sur la santé mentale partout dans le monde ; pourtant, écrivent Lisa Page et Louise Howard de l’institut de psychiatrie au King’s College de Londres (Royaume-Uni), les recherches dans ce domaine important sont loin d’abonder. Dans un éditorial de la revue Psychological Medicine, elles déclarent que cette situation doit rapidement évoluer « afin que les décideurs politiques en matière de santé mentale puissent prévoir l’impact du changement climatique sur la santé mentale ».

De plus en plus de recherches relatives aux impacts du changement climatique sur la santé voient le jour, et on estime qu’il est responsable de près de 150 000 décès chaque année (un chiffre qui devrait augmenter au cours des décennies à venir).

Bien que l’on admette aujourd’hui les effets du changement climatique sur la santé mentale, les auteurs font remarquer que « ces effets sont principalement évoqués en termes vagues et rarement par les personnes largement impliquées dans la recherche ou la politique de santé mentale. »

D’après les Drs Page et Howard, les effets du changement climatique « se répercuteront principalement sur les personnes prédisposées aux problèmes psychologiques, mais on verra également une augmentation de la charge globale des maladies mentales dans le monde ».

Par exemple, les catastrophes naturelles risquent d’augmenter en raison des changements climatiques. Les problèmes de santé mentale tels que les troubles de stress post-traumatique, la dépression et d’autres maladies mentales sont relativement courants à la suite de ces catastrophes, naturelles ou autres.

En outre, comme on l’a constaté après le cyclone Katrina aux États-Unis, « on observe souvent une diminution importante des soins médicaux et psychiatriques apportés aux personnes souffrant de maladies mentales préexistantes dans les périodes suivant une catastrophe, au moment où ils en ont malheureusement le plus besoin ».

Les vagues de chaleur feront également de nombreuses victimes chez les personnes souffrant de maladies mentales, étant donné que l’abus de psychotropes et de substances constitue un facteur de risque important dans les décès imputables aux vagues de chaleur. « En outre, des mécanismes inadaptés permettant de gérer les situations difficiles et le mauvais état des logements attribués contribueront à rendre plus vulnérables les personnes souffrant de problèmes mentaux », poursuivent les auteurs. Enfin, nous disposons de « preuves importantes » que les taux de suicide augmenteront une fois qu’un certain seuil de température sera dépassé.

Beaucoup de maladies infectieuses devraient se multiplier à mesure que le climat se réchauffe, ce qui affectera probablement aussi notre santé mentale, préviennent les chercheurs. Pendant des épidémies, on a constaté chez les patients infectés et dans la population en général des cas de détresse psychologique, d’anxiété et de stress traumatique.

L’élévation du niveau des mers obligera des millions de personnes vivant dans les régions côtières à déménager. Les régions affectées par les inondations et les sécheresses ou par d’autres conditions climatiques extrêmes connaîtront des exodes de masse. « Les vagues massives de migration mèneront indéniablement à une plus grande charge de maladies mentales chez les populations affectées », préviennent les chercheurs, en ajoutant que les conflits constituent un autre vecteur potentiel de migration.

Un autre problème est que les services de santé mentale dans les pays à revenus faibles et moyens sont déjà terriblement inappropriés. Le Drs Page et Howard craignent que ces services « ne constituent pas une priorité dans l’éventualité d’une crise économique résultant du changement climatique. »

Les auteurs concluent que les professionnels de la santé mentale doivent approfondir les recherches sur le sujet au plus vite. « Il est indispensable de collaborer avec d’autres disciplines », préconisent-ils. « Il nous faudra sans doute travailler avec des climatologues, des géographes, des épidémiologistes de l’environnement, des modélisateurs et des spécialistes du développement pour planifier et réaliser des recherches pertinentes sur ces sujets. »

Et le Dr Page d’ajouter : « Le changement climatique était au coeur des débats [...] à la conférence de l’ONU à Copenhague. Les délégués y ont discuté des effets du changement climatique et des réponses possibles des gouvernements internationaux, mais nous avons constaté que les effets du changement climatique sur la santé mentale ne fassaient pas l’objet d’une grande attention, ce qui pose un risque important pour la santé mentale de millions de personnes dans un futur relativement proche. »

Pour de plus amples informations, consulter :

Psychological Medicine

Institute of Psychiatry