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Notre environnement - Agents chimiques - Comprendre
Une proposition de loi pour bannir le Bisphenol A
par Valérie Xhonneux - 7 mars 2010

Le Sénateur Philippe Mahoux (PS) vient de déposer une proposition de loi visant à interdire le Bisphenol A (BPA) dans les récipients alimentaires. Une initiative que l’on espère couronnée de succès tant les impacts sur la santé de cette substance omniprésente apparaissent inquiétants.

3 millions de tonnes de BPA sont produites annuellement. Substance chimique utilisée dans la composition de certaines matières plastiques, on le retrouve dans de multiples produits, tant à usages alimentaires (biberons, bouteilles d’eau réutilisables, revêtement de boites de conserve et des canettes de boisson, etc.) que non alimentaires (lunettes, casques, raquettes, CD, etc.).

Notre exposition se fait à 95% par la voie alimentaire suite à migration du BPA du plastique vers l’aliment, avec une amplification du processus par la chaleur. Une étude a démontré que 93% de la population américaine en est imprégnée et il fait peu de doute que la population européenne présente des niveaux de contamination approchants.

Des liens évidents ont été faits entre exposition au BPA et cancer de la prostate, du sein, puberté précoce, obésité, diabète, troubles de la thyroïde, problèmes de reproduction et du développement du cerveau. Les données épidémiologiques chez l’homme, assez récentes, montrent notamment un lien entre l’imprégnation maternelle par le BPA à la 16ème semaine de grossesse et les troubles du comportement (Braun et al., EHP, 2009).

La proposition du Sénateur Mahoux s’inscrit dans un mouvement de fond qui, un peu partout à travers le monde, voit certains politiques anticiper les recommandations trop lentes, prudentes et parfois contradictoires des agences sanitaires nationales.

Ainsi, le Canada a d’ores et déjà banni les biberons contenant du BPA sans toutefois aller au bout de sa logique puisque le pays n’a pas dans le même temps revu sa Dose Journalière Acceptable (DJA)… Des initiatives semblables à celles de Philippe Mahoux sont actuellement en cours en France et au Danemark.

Mais l’Europe a aussi un rôle majeur et une lourde responsabilité dans cette problématique. Il importe en effet qu’elle agisse sans tarder pour garantir une meilleure évaluation scientifique tout en prenant les mesures qui s’imposent sur le plan législatif. La Directive Cosmétiques et la Directive relative aux contenants alimentaires doivent ainsi être revues en tenant compte des impacts du BPA sur la santé. L’inscription de cette molécule sur la liste des « substances très préoccupantes » de REACH est une autre des étapes à franchir au plus vite.