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Nos déchets empoisonnent l'Afrique ? Pas si grave... - Santé Environnement
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Notre environnement - Agents chimiques - Comprendre
Nos déchets empoisonnent l’Afrique ? Pas si grave...
par Valérie Xhonneux - 10 mai 2011

La semaine passée, la 5ème conférence des parties de la Convention de Stockholm a été le théâtre de vives tensions. La raison de cette mésentente : l’absence d’accord quant à la nécessité - ou non - d’interdire le recyclage des produits contenants des retardateurs de flammes bromés (les polybromobiphényléthers ou PBDE).

Retardateurs de flamme bromés ? Qu’est-ce donc ?

Comme leur nom l’indique, les retardateurs de flammes sont utilisés dans un grand nombre de produits (équipements électriques, matériaux d’isolation ou de rembourrage de meubles, etc.) pour réduire le risque de « départ » de feu et freiner la combustion. Deux catégories portent particulièrement à discussions, du fait de leurs caractéristiques néfastes pour l’environnement : les retardateurs de flamme chlorés et les retardateurs de flamme bromés.

La majorité des retardateurs de flamme bromés (RFB) sont persistants dans l’environnement, certains d’entre eux (dont le penta-BDE) étant fortement bioaccumulables. L’exposition chronique de rats a donné lieu à des problèmes relatifs au développement du squelette, du cerveau ou encore à des interférence avec les mécanismes de liaison des hormones thyroïdiennes.

L’utilisation de ces substances se justifie d’autant moins que les associations de pompiers elles-mêmes demandent que leur usage soit banni. Car contrairement à d’autres retardateurs, les RFB relarguent des fumées denses et noires, qui réduisent la visibilité et génèrent des produits de combustion hautement toxiques.

La convention de Stockholm... non applicable

Suite à la contamination généralisée de l’environnement par des polluants aux propriétés particulièrement problématiques, une dynamique a été initiée afin de garantir la protection de l’environnement et de la santé humaine, en interdisant la production, l’utilisation, l’importation et l’exportation de ces substances. Cette dynamique est appelée la « Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants ».

Dans ce cadre, il a été proposé en 2009, lors de la 4ème conférence des parties de cette convention, d’interdire le recyclage des produits contenant du PBDE. Un accord n’ayant pu être obtenu à l’époque, il a été demandé au secrétariat permanent de la convention de rédiger un document d’analyse de la situation et de formuler des propositions de décisions en vue de la 5eme conférence, qui se tenait donc la semaine passée. En attendant, les produits contenant de PBDE bénéficiaient d’une exemption de l’interdiction de recyclage qu’aurait du imposer la convention.

Le document, disponible ici (sous la référence POPS/POPRC.6/2/Rev.1, en anglais uniquement) résume bien la situation. Lors du recyclage des produits, si les parties contenant des PBDE ne sont pas correctement séparées et gérées de manière spécifique, les PBDE peuvent être ré-incorporés dans les produits recyclés... et être relargués dans l’atmosphère lors de leur utilisation, voir directement dans la bouche de bébé si le plastique recyclé a été utilisé pour fabriquer des jouets.

Il faut donc pouvoir détecter la présence de PBDE dans les produits, et disposer de filières de traitement des déchets adaptées pour en garantir une gestion correcte. Mais si les pays développés disposent de ces infrastructures, il n’en est pas de même pour les pays en voie de développement/transition, qui ne disposent pas des moyens nécessaires pour identifier, dans le flot de produits (notamment électroniques) importés des pays industrialisés, les éléments contenant des retardateurs de flamme bromés. Il en résulte une exposition important des travailleurs des usines de recyclage de ces pays, mais également des populations habitant à proximité et des utilisateurs des produits recyclés.

Le secrétariat appelle clairement dans ce document à supprimer l’exemption d’interdiction de recyclage des produits contenant du PBDE. Pourtant, les négociations de la semaine passée allaient dans le sens d’une approche volontaire, laissant toute latitude aux autorités nationales de décider si oui ou non elles allaient prendre ce problème à bras le corps.

Une délégation menée par le Kenya a insisté pour que le texte soit renforcé - sans atteindre malheureusement un succès total, le compromis final actant le fait que les parties sont encouragées à veiller à ce que les déchets contenant des PBDE ne soient pas exportées vers les pays en voie de développement ou les pays en transition (lire à ce sujet le communiqué de presse d’IPEN). S’il s’agit d’une avancée notable par rapport à la première version du document, l’attitude des pays « développés » n’en est pas moins fortement décevante. En effet, cette attitude est condamnable en ce qu’elle ne prend pas véritablement au sérieux les risques pour les populations des pays en voie de développement et particulièrement d’Afrique qui, faut-il le rappeler subissent déjà les dégâts collatéraux de l’extraction de matières premières nécessaires à la fabrication de ces objets qui sont sensés faire notre bonheur.