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Tourteaux contaminés, sangliers empoisonnés : il ne fait pas bon fréquenter certaines côtes de France !
par Pierre Titeux - 27 juillet 2011

Une trentaine de sangliers ont été retrouvés morts depuis début juillet sur une plage bretonne envahie par les algues vertes. Parallèlement, on apprend que les tourteaux de la Baie de Seine présentent des concentrations en dioxine et en PCB de 63 à 87% supérieures aux limites réglementaires. Et dans un cas comme dans l’autre, l’explication du phénomène semble résider dans une pollution de l’environnement...

La prolifération des algues vertes liée, selon l’Agence de sécurité sanitaire (Anses), à « des concentrations élevées dans les eaux de nitrates apportés par les activités humaines, en particulier l’agriculture » frappe la Bretagne depuis plusieurs années. La situation y est d’ailleurs telle qu’un « Plan national de lutte contre les algues vertes » a été lancé en janvier 2010. Problème : ce plan se concentre essentiellement sur le ramassage plutôt que sur la prévention. Ce que les associations environnementales dénoncent vu la dangerosité potentielle de ces matières dont la putréfaction dégage des gaz dangereux voire mortels (méthane, hydrogène sulfuré, ammoniac...)

Ainsi, en 2009, un cheval est mort après une promenade sur une plage infestée d’algues vertes. L’autopsie démontra que cette mort était consécutive à un oedème pulmonaire consécutif à l’inhalation d’hydrogène sulfuré (H2S).

Plus grave : une instruction est actuellement en cours suite au décès, toujours en 2009, d’un chauffeur transportant des algues vertes. La famille est en effet convaincue que ce décès, officiellement attribué à un « arrêt cardiaque », résulte d’une intoxication par des gaz mortels provenant de la cargaison.

Des analyses toxicologiques sont actuellement en cours pour tenter de déterminer la cause de l’hécatombe frappant les sangliers mais les algues vertes figurent bien évidemment au premier rang des suspects. D’autant plus que si l’autopsie des deux premiers marcassins a conclu à un « étouffement dû à une présence de vase dans les voies aériennes supérieures », les autorités n’en ont pas moins interdit l’accès à la plage sur laquelle les cadavres furent découverts...

Voilà en tout cas qui apporte un crédit supplémentaire à la campagne lancée en mars dernier par France Environnement pour dénoncer le danger des algues vertes, campagne qui lui avait valu d’être vouée aux gémonies par une classe politique quasi unanime (lire notre chronique sur le sujet : « Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt... »).

Le déni face à ce problème est tel que les environnementalistes locaux craignent qu’il faille attendre un accident dramatique, que des enfants soient touchés, pour voir une réaction à la mesure de l’enjeu. Dans l’attente de mesures structurelles de prévention, essentiellement dans l’agriculture, les acteurs mobilisés sur le terrain réclament l’intervention urgente de l’armée afin assurer le nettoyage des plages souillées.

Pêches pourries

Il n’y a pas que la Bretagne qui soit affectée par une pollution environnementale inquiétante. Un peu plus au nord, la Baie de Seine doit elle aussi faire face à une contre-publicité dont elle se passerait bien.

Dans un avis rendu en mai dernier, l’Agence de sécurité sanitaire écrit en effet que « les tourteaux sont considérés en moyenne non conformes aux limites réglementaires sur l’ensemble de la Baie de Seine et leurs non commercialisation et non consommation sont recommandées ». La teneur en dioxines et en PCB (polychlorobiphényles) dépasse, selon les cas, de 63 à 87% la limite réglementaire !

En dépit de cet avertissement, les préfets de Haute et Basse Normandie n’ont pas jugé pertinent de prendre des arrêtés d’interdiction de la pêche, de la commercialisation et de la consommation de ces crustacés. Ils considèrent en effet qu’une interdiction sur l’ensemble de la Baie serait « absurde » car « les résultats des mesures sont hétérogènes selon les endroits des prélèvements et ont besoin d’être complétés ».

Autrement dit, les gastronomes en visite dans le coin qui ne pourront résister à l’appel du tourteau doivent espérer que les specimens dans leur assiette proviennent d’une zone de pêche « hétérogènement favorable » !

Il convient en outre de préciser que l’avis de l’Anses confirme la contamination des sardines, dont la pêche est interdite depuis 2010, et recommande de analyses sur l’étrille et l’araignée de mer. Rassurant, n’est-il pas ?

Pour rappel, la dioxine est un polluant généré, notamment, par l’incinération des déchets ; les PCB sont quant à eux des molécules aujourd’hui interdites qui étaient utilisées comme lubrifiants dans les transformateurs électriques. Ces éléments se sont accumulés au fil du temps dans les sédiments des fleuves et des estuaires où ils sont consommés par les poissons et crustacés avant de se fixer dans leurs graisses...