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Pesticides, cancers et agriculteurs : soyons précis ! - Santé Environnement
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Notre environnement - Pesticides - Comprendre
Pesticides, cancers et agriculteurs : soyons précis !
par Alain Geerts - 19 juin 2013

La sortie récente des travaux de l’Inserm sur le danger des pesticides notamment pour les agriculteurs a remis sur la table la question de savoir si cette catégorie professionnelle était plus susceptible d’être atteinte d’un cancer que le reste de la population. Le point.

Les pesticides sont, par nature, intrinsèquement dangereux affirment les auteurs de l’expertise collective réalisée par l’Institut national (français) de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Cet imposant travail de compilation confirme les dangers des pesticides sur la santé pour les agriculteurs et les riverains. L’exposition à ces substances serait associée au développement de cancers et de maladies neurodégénératives.
Lors de la sortie de précédents travaux allant dans ce sens, les associations d’agriculteurs ou de l’industrie agro-chimique ressortaient de manière récurrente les résultats de l’étude Agrican qui, en résumé, affirmait que "quelle que soit la cause du décès (cancers, maladies cardiovasculaires, maladies respiratoires, maladies digestives, accidents …), les agriculteurs français sont ’’en meilleure santé que le reste de la population française’’. Cette étude avait été financée par la MSA (Mutualité Sociale Agricole) et l’UIPP (Union des industries de la protection des plantes - soit le lobby de l’agro-chimie - NDLR) ce qui pose d’emblée un problème d’indépendance, mais soit.

Une réflexion du Pr. Robert Barouki, biochimiste à Paris V et praticien à l’hôpital Necker (Paris) parue sur le blog « Mieux vaut prévenir » du site lemonde.fr est éclairante pour mieux appréhender les choses. Elle s’intitule : « Pesticides et Cancer : paradoxes et vigilance ».

En substance, elle relativise les conclusions de l’étude Agrican en soulignant que si effectivement la prévalence des cancers est plus faibles chez les agriculteurs alors qu’ils sont les plus exposés au pesticides, cela ne signifie pas que les pesticides ne sont pas potentiellement cancérigènes. A y regarder de plus près, on se rend compte que lorsque l’on analyse chaque type de cancer indépendamment, il apparaît que la fréquence de certains cancers augmente alors que celle d’autres cancers diminue. Or, les cancers qui diminuent chez les agriculteurs sont parmi ceux qui sont les plus fréquents comme le cancer du poumon, de la vessie, du foie et du côlon. Pour cette raison, la fréquence globale des cancers (toutes localisations confondues) apparaît comme étant plus faible dans cette population précise le professeur Barouki. Pour expliquer la diminution de certains cancers, il faut se rappeler des causes principales des cancers que sont le tabagisme, l’alimentation, le manque d’exercice physique. Or la population des agriculteurs est moins exposée au tabagisme, ce qui explique pour une grande part la diminution de la fréquence de certains cancers. A l’opposé, les lymphomes, les myélomes multiples, les cancers du cerveau et celui de la prostate sont plus fréquents chez les agriculteurs. On pense que les pesticides jouent un rôle dans cette augmentation. On commence à comprendre les mécanismes, notamment la génotoxicité, le stress oxydant et dans certains cas, la perturbation endocrinienne.

Et il conclut : Ce que ces constatations nous enseignent, c’est qu’on gagne beaucoup à analyser les observations épidémiologiques avec beaucoup de précision et qu’il faut surtout éviter de tirer des conclusions hâtives à partir de données incomplètes. Elles montrent aussi qu’il faut se battre sur plusieurs fronts contre le cancer, le tabagisme, l’alcoolisme et les contaminants de l’environnement restant des fronts très actifs.