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L’industrie s’organise pour affaiblir les politiques de protection contre les dangers des pesticides
par Fil d’infos et actualité - 5 février 2014

Un rapport exclusif vient d’être publié par PAN Europe. Il dénonce un réseau créé par l’industrie qui tente d’arrêter la nouvelle politique sur les normes alimentaires plus strictes pour les mélanges de pesticides. Ce réseau a infiltré l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) et l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Mais, grande première : la Commission européenne riposte !

52% des experts de l’EFSA et 73% de l’OMS en lien avec l’industrie

Une nouvelle recherche de PAN Europe révèle une opération de lobby secrète orchestrée par l’industrie pour arrêter la politique destinée à protéger les personnes des méfaits de la consommation quotidienne de mélanges de pesticides. Un réseau d’experts lié à l’industrie a infiltré des groupes scientifiques à tous des niveaux clés. 52 % des experts travaillant pour l’Autorité alimentaire européenne (EFSA) sur les effets des mélanges de pesticides dans les aliments semblent avoir des liens avec l’industrie et 73 % des experts travaillant pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le même sujet ont de forts liens avec l’industrie. Ce réseau se retrouve aussi dans « Acropolis », un programme financé par l’UE, pour développer des outils supplémentaires pour affaiblir les règles. Au terme de longues années perdues, une intervention de la DG SANCO a finalement forcé l’EFSA à faire machine arrière.

Un retard important de la Directive européenne

La recherche de PAN Europe a été motivée par le retard sans précédent (plus de 8 ans) de l’EFSA pour commencer à mettre en œuvre la directive européenne sur les résidus de pesticides. Les citoyens de l’UE sont exposés chaque jour à des dizaines de mélanges de pesticides dans les produits alimentaires [1] et l’EFSA devait présenter des méthodes pour mettre en œuvre la protection décidée politiquement. Il semble maintenant que l’infiltration des Agences par le réseau de l’industrie soit l’une des principales raisons de ce retard et que l’infiltration a eu lieu non seulement à l’EFSA, mais à tous les niveaux pertinents, de l’OMS, de l’OCDE, de l’EFSA et de la recherche de l’UE .

L’OMS gangrénée ?

Cinq des auteurs (sur 6) d’un document cadre de l’OMS relatif à cette problématique étaient lié plus ou moins étroitement à l’industrie. Ils ont développé une méthodologie qui induisait qu’aucune toxicité liée aux mélanges des pesticides n’apparaissait concrètement. Ils ont trouvé une écoute complaisante chez plusieurs fonctionnaires de l’EFSA. Le tout en parfaite contradiction avec la littérature scientifique académique qui offre une abondance de preuves des effets des mélanges [2].

La DG SANCO veut du changement

Ce n’est qu’après l’intervention de la DG SANCO en 2011, que l’EFSA a dû changer de cap. Néanmoins le panel d’experts des pesticides de l’EFSA a résisté, et en 2012, la direction de l’EFSA a finalement décidé de désaisir le panel de ce travail. Au terme d’une période de 6 ans durant laquelle il ne s’est donc rien passé de positif pour la santé des population, l’agence européenne reconnait enfin les dangers. Pourtant le combat est loin d’être terminé. L’industrie ne renonce pas et a développé de nouveaux outils pour porter atteinte à la protection sanitaire en s’inscrivant dans un programme-cadre de recherche de l’UE appelé Acropolis. L’idée de l’industrie est d’aboutir à ce que soit accepté un certain degré de dommage qui permettrait de garder les normes alimentaires actuelles… et donc de ne pas protéger correctement les gens.

Demandes des ONG

PAN Europe, Générations Futures et de nombreuses ONG estiment que l’OMS et l’EFSA doivent renforcer leurs politiques de prévention des conflits d’intérêt. Ils doivent également créer une unité dotée d’un « responsable de l’intégrité scientifique », tout comme l’US-EPA et créer une culture de l’intégrité scientifique et de la professionnalisation.

Source : le communiqué de PAN-Europe

notes :

[12010-monitoring report, page 110 : 26,6% of all fruit and vegetables consumed in Europe contain more than 1 pesticide residue

[2Nissanka Rajapakse, Elisabete Silva, and Andreas Kortenkamp, Combining Xenoestrogens at Levels below Individual No-Observed-Effect Concentrations Dramatically Enhances Steroid Hormone Action, Environmental Health Perspectives, VOLUME 110, NUMBER 9, September 2002